1 Juillet 2017
Paulin CLERC et Octavie BABOU, les parents de ma grand-mère maternelle, avaient quitté la France pour migrer en Argentine sur le territoire de la ville de CHIVILCOY, pas très loin de BUENOS-AIRES.
Selon mon père : "ils n'ont jamais été propriétaires des terres qu'ils exploitaient, puisqu'il n'aurait jamais été question d'une succession".
En Argentine, Octavie était institutrice et apprenait la langue française aux enfants de la communauté française de la ville.
Du mariage d'Octavie et Paulin sont nés Marie, Irma, Thérèse, Octavie, et Paul qui est mort jeune.
Mon père Albert écrivait : « Thérèse [sa mère et ma grand-mère] était disait-elle, le garçon manqué de la famille. Elle avait son cheval que personne n'avait monté avant elle.
Pour l'habituer à la selle, elle fit charger quelques sacs de terre.
Avec la complicité de son père, elle oubliait l'école de sa mère et parcourait avec lui les grands espaces de la pampa."
François Espinet, dont la grand-mère est revenue d'Argentine a été bercé des mêmes récits que ceux transmis par ma grand-mère : "(...)il m'était resté en tête des histoires fabuleuses d'Argentine racontées par mon aïeule le soir à la veillée, devant l'âtre garni de pieds de vigne qui crépitaient gaiement. Il y était question de voyages, d'immenses plaines, de bétail, de culture de blé..."
Selon mon père, ma grand-mère racontait : "Les maïs étaient plus hauts que les chevaux. Il y avait des araignées grosses comme ça, et on chassait l'autruche à la course. »
Les sœurs Clerc ont grandi dans ces plaines infinies.
Ma grand-mère me parlait de grippe espagnole, qui aurait emporté ses parents et son petit frère Paul.
Selon mon père, Octavie serait décédée « d'un méchant diabète ».
Orphelines, les quatre sœurs ont été « rapatriées par les soins du Consul de France à Buenos-Aires. »
Quittant Chivilcoy, elles ont certainement embarqué à Buenos-Aires pour la France.
Elles n'ont pas eu le temps de visiter la Capitale. Elles n'ont vu que quelques grandes avenues, les gares, le port d'embarquement.
Elles ont dû naviguer ensuite, trois longues semaines sur un des transatlantiques qui rejoignaient certainement Bordeaux.
Puis certainement, elles ont pris des trains pour parvenir de Bordeaux à Couiza, dont elles n'ont vu à l'entrée de la bourgade que l'imposant château des Ducs de Joyeuse.
Entrées dans le village, elles ont dû découvrir leur nouveau lieu d'habitation, peut-être la rue Saint-Jean, où demeuraient leurs grand-parents Étienne Babou, maçon, et Irma Marre.
Désormais, leur vie était celle du village. Elles parlaient assez mal le français, bien que leurs parents aient grandi en France. Ma grand-mère disait : "Je ne parle pas espagnol ; mais Le Castillan".
Personne n'avait songé à aménager les berges pour faciliter le travail des femmes. C'était ainsi.
D'Étienne et Irma Babou, était née vers 1872 Laurence, qui avait épousé en 1896 Jean Joseph FORT originaire de Montazels.
Selon mon père Albert, : « Elles furent à Couiza « Les Américaines », et rencontrèrent Tante Laurence qui habitait sous le château de Montazels.
"La maison en terrasse et sans vis-à-vis dominait la vallée avec vue sur les Corbières."
« A Couiza, il y avait Tante Antoinette, bossue et méchante. Elle avait perdu sa fillette ce qui expliquait sa méchanceté »
Mon père écrivait : « Je connaissais bien Tante Antoinette puisque chaque fois que je passais en gare, je la voyais prendre le sac de courrier au train qui m'amenait. Elle travaillait pour la poste.
Je ne lui ai jamais dit que j'étais là. Elle avait un peu l'allure de la fée Carabosse.
Ma mère avait un cousin, Etienne Fort, mon parrain, il parlait fort et était un peu « bargast ». Etienne montait souvent à Montazels, et ne savait parler que patois.
Tout ce qui sortait de lui était imagé, et amusant. Il devait être radical-socialiste. Pour être juré, il faut avoir une bonne réputation. Il le fut à Carcassonne chez nous tout le temps d'une cession d'assises.
Les vitres vibraient des propos qu'il prêtait aux juges, aux avocats et autres accusés.
Il était cadre essentiel dans une usine de chapeaux, et en devint l'ultime représentant.
Etienne cultivait sa vigne et son jardin. Sa femme était très gentille avec nous.
(illisible) « avait deux sœurs. Lucie qui était la discrétion et la douceur même et Agnès qui apportait la douceur de son nom à Quillan et que je verrai peu. »
« Ma mère dans ce petit monde rêvait des grands espaces, et devint un brin orgueilleuse pour cacher sa méconnaissance du français. »
- Irma CLERC a épousé Médar ARDANUY,
- Veuve Sylvestre, ma grand mère Thérèse a épousé Paul Jarlier, mon grand-père.
- Octavie a épousé Louis Lauze.
- Les trois familles et leurs enfants se réunissaient souvent.
- Les cousins partageaient leurs vacances.
- Marie a épousé Louis Antoine Léon Tricoire originaire de Camps-sur-Agly, le 22 juin 1914 à Cubières-sur-Cinoble.
Marie a disparu le 03 mai 1915.
Louis Tricoire se remariera et obtiendra le titre de chevalier de la Légion d'Honneur en raison de ses services militaires.
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