7 Juillet 2017
Selon les archives familiales de la famille Cordelle, l'histoire de Pauline est racontée ainsi :
"Elevée à Port-Vendres, dans la grande maison de la place Castellane, Pauline REIG s’y est mariée à 21 ans, en 1880, à Louis ROUGIER, capitaine du Génie.
(cette maison de la place Castellane est revenue en héritage pour moitié à Pauline. Sa fille Louise qui gérait ces biens familiaux l'a transformée en appartement puis vendue. Plus tard elle est devenue la caserne de gendarmerie de Port-Vendres. Claude et Yves ont vu cette gendarmerie vers 1980, avant sa démolition.
Pauline racontait volontiers ses souvenirs à sa petite-fille Claude.
"Elle nous racontait sa jeunesse à Port-Vendres. Pour elle il y avait ceux qui avaient de la chance et ceux qui n'en avaient pas. A dire vrai il y avait 11 enfants chez les Reig et chacun avait eu son destin. Elle se rappelait la grande maison de la place Castellane et les mauvais coups qu'ils inventaient, ils étaient montés sur le toit pour sonner la cloche St-Michel et mes amis... en redescendant, quelle raclée ! Et puis surtout il y avait les mariages et on avait eu plus ou moins de chance."
[ source : archives de la Famille Cordelle]
"Elle avait gardé son accent catalan, bien qu’il fut plus «chic» de parler "pointu" c'est à dire sans accent, - comme les Parisiens - . Elle fut élevée au Sacré-Cœur et comprenait le catalan sans l’avoir réellement parlé." [ source : archives de la Famille Cordelle]
"Voilà comment elle avait trouvé « son homme » (car Port-Vendres n'était et n'est qu'une bourgade). Il y avait là une garnison du génie, chargée de construire des forts et de faire une route stratégique - la route de Montlouis - (on ne sait jamais, s'il y avait une guerre avec les Espagnols....), et quelques jeunes officiers - très transplantés bien sûr - . Ces messieurs repéraient les demoiselles qui allaient à la messe, car c’était la grande sortie des jeunes filles bien éduquées. Et Pauline, qui avait eu la fièvre typhoïde, réapparut soudain. On s’étonna dans le milieu militaire de cette demoiselle qu’on n’avait jamais vue, et Louis ROUGIER (capitaine) la demanda en mariage." [ source : archives de la Famille Cordelle]
"Dans 2 lettres, des 11 février et 1er mars 1980, datées de Nice, adressées par Louis Rougier à son frère aîné Félix, il parle de Pauline avec qui il vient de se marier, d'un bal à Nice et de son voyage de noces à Rome. Voir les transcriptions de ces intéressantes lettres.
Nice 11/2/80
Mon cher Félix, Nous venons de passer plus qu’agréablement les 8 jours de carnaval à Nice. Un beau soleil nous a favorisé jusqu’à mardi, malheureusement une ondée qui dure encore a dérangé le dernier jour de la fête ; nous avons assisté au bal du cercle ??? lundi ; après beaucoup d’hésitations, Pauline a vaincu sa timidité et s’est décidée pour me faire plaisir, à m’accompagner au cercle, à la condition expresse que nous n’y resterions que jusqu’à 1 heure du matin ; à 3 heures je ne pouvais la faire sortir et à 5h1/2 du matin elle dansait sa dernière valse.
J’ai trouvé ici une agence anglaise qui organise des voyages en Italie, avec billets circulaires et coupons d‘hôtel. Pour la somme de 320F (aller et retour) que je devais dépenser d’après le programme convenu, j’ai un billet circulaire qui me permet d’aller à Gênes, Pise, Rome, Naples, Bologne, Venise, Milan, Turin ; c’est donc cet itinéraire que je suivrai en me pressant un peu plus pour rentrer dans le commencement de mars ; je dépenserai peut-être 2 ou 3 jours de plus, mais je me console en me disant que je n’aurai pas de sitôt l’occasion de faire pareil voyage.
Si tu veux m’écrire, adresse Continental Hôtel à Rome, pour que ta lettre arrive avant mercredi prochain, sinon attends mon retour pour que la correspondance ne me suive pas trop longtemps.
Pauline se porte très bien jusqu’ici, elle se joint à moi pour souhaiter à Thérèse et à toute la famille tout le bonheur que vous ??
Tout à toi Louis Rougier" [ source : archives de la Famille Cordelle]
Sur le site de la famille Cordelle, j'ai recueilli les photos des enfants de Pauline et Louis :
"Pour ma grand-mère qui fut immobilisée dès 82 ans (elle mourut à 97 ans) par une fracture du col du fémur en 1950, (à Gerde, où le clan ROUGIER se retrouvait en vacances près de Bagnères-de-Bigorre, dans la maison de Tante Henriette). - A l’époque, les médecins recommandaient l’immobilité et, bien sûr, la soudure des os se faisait mal et ç’en était fini de pouvoir marcher - elle racontait volontiers ses souvenirs joyeusement, mais quand elle était seule, elle se lamentait tout haut et passait beaucoup de temps à dire son chapelet." [ source : archives de la Famille Cordelle]