8 Septembre 2017
Ma tante Suzanne, née de mes grand-parents, Joseph Pierre Aulès et Mélanie Marguerite Planès était la sœur de ma mère.
Elle n'aimait pas son prénom et préférait qu'on la nomme Suzon, au motif que Suzanne, ça faisait âne. C'est donc ainsi que nous la nommerons.
Suzon a épousé mon oncle André. Il gérait le magasin de tissus Cathala à Carcassonne, qu'il tenait de son père.
Elle, était infirmière à l'hôpital de Carcassonne, reconnue par ses pairs pour son professionnalisme, et sa compétence, qui lui conféraient une autorité et un respect naturellement admis de tous.
Elle avait dû être formée à l'école d'infirmière avant que l'usage des antibiotiques ne soit plus largement répandu. Les consignes consistaient alors, afin d'éviter la propagation des maladies infectieuses, en un minutieux savonnage des mains et avant-bras. Je l'ai toujours connue ayant conservé cette pratique.
Vers la fin de sa carrière, elle a été chef du service de stérilisation des matériels sortant notamment des blocs opératoires, et ayant vocation à y retourner. Avec elle, pas un microbe n'était admis au bloc.
Cette pratique a imprégné sa vie. Sa maison faisait l'objet d'une stricte méthode d'entretien des lieux et objets, qui la rendait inaccessible à aucun germe qui eût l'audace d'en franchir la porte.
Ma tante et mon oncle aimaient ensemble skier et randonner. Ma tante, skieuse émérite était parmi les premiers sur les pistes, et les "fermait" la nuit tombante. Elle revenait avec son trophée. "Aujourd'hui, j'ai fait 9 noires, 3 rouges, et 4 fois Balcère."
Mon oncle s'occupait à midi, de faire griller côtelettes ou saucisses dans la salle "hors-sac" de la station.
Quand la neige n'était plus au rendez-vous, ils cueillaient des champignons, mais seulement les bolets nobles de Bordeaux qui embaumaient les plats, ou je me souviens, les "rousillous", qui doivent être les rosés des prés.
Ils m'ont offert un jour un bocal de cèpes qu'ils avaient fait sécher sur des claies, au soleil dans leur salon. Les cèpes mangés, le bocal vide embaumait encore plusieurs années après.
André quant-à lui joueur de tennis de talent, a, tant qu'il a pu, retrouvé ses amis pour échanger quelques balles.
Lors des randonnées en montagne, tandis que certains, grimpaient jusqu'à des sommets, il s'arrêtait au bord des lacs pour taquiner la truite.
Ils habitaient rue de Verdun à Carcassonne, face au magasin de tissus. Mon oncle n'avait qu'à traverser la rue pour se rendre à son travail, qu'il a exercé jusqu'à un âge auquel d'autres avaient pris leur retraite depuis longtemps.
Quant il a cessé son activité, son fonds de commerce a été racheté par la Compagnie Française des tissus, qui a conservé le nom de Cathala, tant il était attaché à la mémoire de la ville.